C I R C U L ' A C T I O N

Vous êtes inquiet de la capacité de conduire d’un proche? Vous hésitez à intervenir? Vous avez peur de sa réaction? Peur de briser votre lien avec cette personne? 

Aborder le sujet de la capacité de conduire de quelqu’un est très délicat, surtout si ce sujet n’a jamais été abordé auparavant. C’est doublement délicat si la personne a des troubles cognitifs car elle aura tendance à se sentir attaqué et à ne pas reconnaître ses difficultés.

En parler ou l’ignorer?

De nombreuses familles sont aux prises avec ce dilemme. Ils hésitent, ils « étirent l’élastique » au maximum et souvent ils attendent qu’un élément extérieur déclenche la discussion, en espérant de tout cœur que cet élément-là ne soit pas un accident trop grave.

Ce que vous dites ou ne dites pas peut faire la différence entre sécurité et blessure – vie ou mort. Autant celle de votre proche que celle des autres usagers de la route. Bien que la conduite dangereuse puisse être un sujet inconfortable, en parler aidera votre proche à cheminer. Avoir des conversations ouvertes et constructives l’aidera à prendre une décision plus éclairée et à faire une transition vers une diminution de la conduite où certaines conditions de la route seront évitées dans un premier temps puis à arrêter de conduire au moment opportun.

Et si votre proche attendait qu’on lui en parle en fait ? La perspective de perdre de l’autonomie et de dépendre d’autrui pour ses déplacements peut pousser des conducteurs à conduire plus longtemps qu’ils ne s’en sentent capables parce qu’ils ont peur de demander de l’aide et qu’ils ne veulent pas être un poids pour leur entourage.

Hésitez-vous à en parler parce que si votre proche ne peut plus conduire, vos responsabilités d’aidant vont augmenter ? Il est normal d’avoir des sentiments conflictuels face à la cessation de conduire d’un proche. Une bonne préparation est la clé pour évaluer toutes les possibilités et pour éviter que de part et d’autre il y ait des réserves face à la mise en place d’une nouvelle façon de fonctionner.

Les conversations les plus efficaces sont celles qui envisagent l’arrêt de la conduite  automobile comme une étape dans un continuum et non comme une fin en soi et qui démontrent du respect pour la capacité de la personne âgée à prendre les bonnes décisions.

Quoi dire ou ne pas dire?

Chaque personne est unique et a des préférences quand il s’agit d’être abordé sur un sujet délicat, mais une chose est universelle : tout le monde veut être traité avec respect et dignité. Demandez-vous qui est la meilleure personne dans son entourage pour amener ce sujet épineux et préparez un plan de discussion. Imaginez-vous à sa place et demandez-vous comment elle voudrait que le sujet soit amené.

Pour une première conversation, concentrez-vous sur les émotions que ce sujet fera surgir et préparez-vous à les accueillir. Le permis de conduire ne signifie pas seulement la capacité de se déplacer dans la communauté mais est un puissant symbole d’indépendance et de liberté. Il est normal pour la personne de vivre des émotions intenses. Soyez prêt à recevoir le déni ou la colère de cette personne sans vous emporter vous-même.

Tenez-vous-en à quelques faits observables (accrochages, quasi-accrochages, bris, grafignes, accidents, etc.), idéalement des éléments que vous avez vous-même observés et communiquez avec authenticité les sentiments qui vous habitent. Restez calme et réfléchi.

Privilégiez une conversation en un à un plutôt qu’une rencontre de groupe, surtout pour aborder le sujet pour la première fois. Vous devrez faire front commun avec les autres membres de l’entourage, mais il n’est pas utile qu’elle se sente coincée.

Prévoyez plusieurs petites discussions plutôt qu’une longue conversation. Abordez une chose à la fois. Il sera plus facile d’avaler le tout par petites bouchées. Proposer une variété de solutions de rechange sera un excellent moyen d’aborder le sujet à nouveau.

Enfin, retenez que le but de votre discussion n’est pas de prouver qui a raison, mais de solutionner un problème et le problème n’est pas la personne, mais son moyen de transport.

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