C I R C U L ' A C T I O N

En novembre 2022, la SAAQ annonçait un changement dans sa gestion des dossiers médicaux des conducteurs. Plus précisément, elle annonçait que dorénavant, les conducteurs qui reçoivent un diagnostic de trouble neurocognitif* se verraient suspendre leur permis de conduire et qu’une demande de révision de cette décision pouvait être faite par la suite, pour le retrouver.

*Trouble neurocognitif : autrefois appelé « démence », le trouble neurocognitif est défini comme un déclin cognitif par rapport au niveau de performance antérieur qui interfère avec la capacité de la personne à réaliser ses activités quotidiennes.

Les réactions furent nombreuses, souvent négatives, face à la nouvelle mesure. Or, il faut savoir que concrètement, cette mesure était déjà en place. Lorsque la SAAQ recevait un avis de diagnostic de trouble neurocognitif, elle envoyait une lettre au conducteur qui l’avisait qu’une nouvelle condition avait été émise sur leur permis et qu’il ne devait pas conduire jusqu’à ce qu’il soit évalué. Le hic c’est que la lettre envoyée manquait de clarté, spécialement lorsque l’on met en perspective que la personne qui la recevait était atteinte de difficultés cognitives. Résultat : le conducteur ne comprenait pas la notion qu’il devait cesser de conduire en attendant l’évaluation.

Pour pallier à ce problème, la SAAQ a choisi de modifier légèrement sa façon de faire. Elle suspend le permis de conduire du conducteur et si celui-ci veut le garder, il doit se manifester. Lorsqu’il le fait, il reçoit alors le fameux permis avec la nouvelle condition qui, en essence, ne lui permet pas de conduire jusqu’à ce qu’il soit évalué.

La nouvelle procédure ajoute certes quelques étapes administratives, mais elle est essentiellement la même. Elle place cependant le conducteur dans une position plus active face à son permis de conduire. S’il veut le garder, il doit agir. En plaçant le conducteur dans l’action, je suppose que la SAAQ estime que la mesure permet un premier tri : ceux qui ne sont pas en mesure de faire une demande de révision (soit d’appeler à la SAAQ ou d’envoyer une lettre) sont estimés inaptes à faire une tâche complexe comme la conduite automobile. De plus, les conducteurs ne peuvent pas invoquer qu’ils ne savaient pas que la mesure était en place, la suspension du permis étant, je leur accorde, une notion très claire par rapport à l’ajout de la fameuse condition.

J’ai eu l’opportunité de consulter la nouvelle mouture de la lettre qui est envoyée aux conducteurs lorsqu’une évaluation de leur capacité à conduire est demandée. Elle est beaucoup plus compréhensible et les étapes sont mieux expliquées.

En somme, les effets des changements apportés seront mesurés, à l’usage, dans la prochaine année.

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