C I R C U L ' A C T I O N

Voilà une question qui peut en faire frissonner plusieurs! Envisager un moment où l’on cesse d’utiliser la voiture pour de bon n’est pas toujours une partie de plaisir.

Notre mode de vie est construit autour de notre capacité à utiliser la voiture pour combler nos besoins primaires (ex. aller à l’épicerie) comme nos besoins sociaux (visiter la famille, les amis, faire des activités de loisirs) et la perspective de perdre cette liberté est synonyme de dépendance et d’isolement pour plusieurs. D’ailleurs, les études ont démontré que la perte du permis de conduire entraîne une augmentation significative du risque de dépression.

L’utilisation de la voiture comme moyen de déplacement est également plus critique en milieu rural qu’en milieu urbain, les autres moyens de transport étant souvent limités ou carrément absents. Avec l’éclatement des familles, notre réseau social est souvent plus éloigné qu’avant, la capacité d’avoir accès à d’autres conducteurs est réduite et les distances à parcourir pour participer aux activités familiales sont plus grandes. Bref, on a tout intérêt à maintenir notre aptitude à conduire le plus longtemps possible.

Si on peut être un bon conducteur à tout âge, il faut quand même admettre que plus on vieillit, plus nos « petits bobos » s’accumulent et peuvent finir par avoir un impact sur notre capacité à conduire de manière sécuritaire. Alors, à quel âge doit-on se questionner sur notre avenir comme conducteur? 80 ans? 90 ans? Et pourquoi pas dès maintenant! Planifier un plan B, alors qu’on a toutes nos facultés nous permet d’examiner nos futures options en toute sérénité, sans se sentir confronté, forcé ou pressé par le temps.

Voici quelques exemples de questions à se poser :

Quelles sont les activités pour lesquelles j’utilise mon véhicule?

Ne listez pas que les activités « essentielles » comme aller à l’épicerie, à la pharmacie ou chez le médecin. Inscrivez également vos activités de loisirs, celles qui vous font du bien, notamment parce qu’elles vous permettent de sortir de la maison. Pour éviter de vous sentir isolé, vous aurez besoin de planifier des moyens de réaliser ces activités.

Quelles sont les alternatives à l’utilisation de mon véhicule?

  • En ce qui concerne les rendez-vous médicaux, il existe de nombreux organismes communautaires offrant de vous y conduire à moindre frais. Faites vos recherches, valider leur fonctionnement et leurs coûts.
  • Pratiquement tous les épiciers offrent le service de commande en ligne et la livraison, surtout depuis la pandémie. S’il s’agit d’une pratique nouvelle que vous n’avez jamais expérimentée jusqu’à maintenant cela peut être intimidant. Renseignez-vous sur la façon dont ça fonctionne et faites-en l’essai. Souvenez-vous que si vous devez renoncer à votre permis, ce sera probablement parce que vos capacités seront réduites et notamment vos capacités à apprendre de nouvelles choses, donc il sera encore plus difficile à ce moment d’utiliser ce service si vous n’êtes pas déjà familier avec celui-ci.
  • Identifiez des gens qui pratiquent les mêmes activités que vous et qui pourraient être intéressés à vous offrir le transport le moment venu. Pour certains, envisager de demander de l’aide aux autres est extrêmement difficile. Souvenez-vous que de planifier un éventail d’options de transport vous évitera d’avoir l’impression de dépendre d’une seule personne. Cela vous permettra de pratiquer vos activités sans avoir à vous restreindre car vous avez déjà demandé un transport cette semaine et que vous ne voulez pas vous imposer.
  • Le transport en commun est disponible dans votre coin? Quelle chance! Mais savez-vous comment l’utiliser? Savez-vous comment trouver l’information? Avez-vous pensé aux distances que vous aurez à parcourir à pied, en été comme en hiver? Si vous n’avez jamais utilisé le transport en commun près de chez vous, apprenez à le faire maintenant et expérimentez-le! Cela pourrait être une alternative efficace mais vous aurez besoin d’être à l’aise pour l’utiliser et il est possible que ce ne soit une option viable que pour quelques activités seulement.

En quelle(s) personne(s) dans mon réseau ai-je suffisamment confiance pour me dire qu’il y a des inquiétudes face à ma façon de conduire?

Dites-vous bien que les gens autour de vous redoutent le moment où ils pourraient avoir à vous dire qu’ils sont inquiets lorsque vous prenez le volant. Ils vous aiment et ne voudront pas vous froisser et en même temps, ils seront soucieux pour votre sécurité et celles des autres usagers de la route. 

Dans le meilleur des mondes, vous saurez évaluer vous-même vos forces et vos faiblesses au volant et prendrez une décision éclairée sans avoir besoin de recevoir des commentaires d’autrui, en temps et lieu. Mais la situation sera toute autre si vous développez des problèmes cognitifs comme une démence. 

Trouvez la ou les bonnes personnes dans votre entourage et ouvrez le dialogue au sujet de la conduite automobile bien avant que ce soit nécessaire. Énoncez vos attentes sur la façon dont vous aimeriez qu’on vous aborde à propos de votre conduite si un jour ça devenait nécessaire.

Et si en faisant vos recherches vous vous rendez compte que de cesser la conduite automobile entraînera une séquence de changements plutôt décourageante, comme un déménagement par exemple, et bien planifiez-en les grandes lignes maintenant! Allez visiter des résidences offrant les services qui seront impactés par votre nouveau statut de non-conducteur. Cela ne vous engage à rien et vous permettra de vous faire votre propre idée du meilleur milieu de vie pour vous si cette transition importante devait se faire un jour. Si vous faites la démarche maintenant, alors qu’il ne s’agit que d’un plan hypothétique, vous pourrez garder un esprit ouvert et faire des découvertes étonnantes.

En planifiant d’avance votre retraite de la conduite automobile, vous vous donnez du pouvoir. En étant bien préparé, vous serez moins stressé lorsque vous recevrez votre lettre de la SAAQ vous invitant à faire remplir des formulaires par votre médecin au sujet de votre santé, parce que peu importe l’issue, il y aura déjà une part de moins d’inconnu!

Autres articles